lundi 19 décembre 2016

TROUVER UN EDITEUR N'EST PAS CHOSE FACILE.


L'AUTEUR NOUS RACONTE SON CHEMINEMENT :


«Ma quête d’un éditeur a commencé pour ce manuscrit début janvier 2016,… sans grande conviction, je dois l’avouer, consciente des réalités du monde de l’édition : totalement saturé par les publications de célébrités en tout genre, du show-biz au politique, par les rééditions ou encore par les ouvrages d’écrivains déjà révélés.

Car les faits sont bien là : pour un auteur totalement inconnu, sans la moindre relation ni dans le milieu éditorial ni dans le cercle des personnes célèbres ou influentes, et bien sûr sans-le-sou, les chances de séduire un éditeur relèvent pratiquement du miracle.
Et pourtant…
Ce n’est pas UN, ni deux, ni trois, mais bien quatre éditeurs qui se sont déclarés intéressés par ce roman !!!

Bon, il faut dire que j’avais mis toutes les chances de mon côté.

Un manuscrit soigné.

Le texte, d’abord. Relu et travaillé avec attention, il a d’abord été proposé sur une plate-forme de lecture à des tiers dont j’ai pris en compte les remarques et critiques avec intérêt (et reconnaissance). De mon point de vue, toute critique, lorsqu’elle n’est ni malveillante ni incongrue, peut être constructive. Ces commentaires m’ont permis de revoir le texte une nouvelle fois, de manière plus neutre et détachée.

Le titre également a été modifié à plusieurs reprises. C’est d’ailleurs, je crois, ce qui a été le plus difficile : trouver le titre idéal pour ce roman atypique !

Des éditeurs minutieusement sélectionnés.

Le travail suivant portait sur le choix des éditeurs, et cela non plus n’a pas été une mince affaire. J’ai ciblé très soigneusement les maisons qui me semblaient les plus pertinentes pour porter ce roman.

Ce qui importe, ce n’est pas la taille de l’éditeur (certains jeunes auteurs ne rechercheront que parmi les plus grands, d’autres penseront avoir plus de chance auprès des petits, la majorité quant à elle visera ceux de taille moyenne), c’est ce que la maison publie.

Parfois cela semble facile, l’éditeur affichant clairement sa ligne éditoriale ; parfois c’est plus compliqué et il faut feuilleter leur catalogue pour essayer d’y reconnaître des affinités avec votre propre texte…

Alors seulement, on passe aux envois. D’abord par papier, parce que cela en impose.
Mais si comme moi vous habitez en province, l’enthousiasme ne dure pas bien longtemps : 6,70 € de frais de port ! Sans compter l’enveloppe, les photocopies et éventuellement la reliure ! De fait, après le septième envoi, j’ai stratégiquement opté pour les éditeurs acceptant les manuscrits par mail, ce qui finalement soulageait autant ma bourse que ma conscience écologique…

L’attente.

L’attente a été de courte durée : le premier refus est arrivé des Forges de Vulcain tout juste quatre jours après ma première fournée d’envois en courrier électronique, par un message au demeurant très sympathique :

   «Bonjour Emmanuelle, Après examen, je dois décliner votre proposition. Votre texte ne correspond pas au genre de textes que nous désirons publier et défendre. Je vous souhaite courage et succès dans la quête d'un éditeur. Notez, mais vous le savez peut-être déjà, que non seulement les éditeurs se trompent souvent, mais en outre, qu'une décision négative est souvent l'effet de plusieurs choses, dont la qualité du texte n'est que rarement un paramètre (il y a aussi la ligne de l'éditeur, la cohérence du catalogue, l'état d'avancement de son catalogue...). Cordialement. »

Cela avait le mérite de clarifier d'emblée les choses et les retours suivant, qui se sont étalé jusqu'en juin, ont souvent conforté cette affirmation, même si certaines réponses m'ont parfois laissée perplexe, comme ce second refus, qui m'est parvenu par courrier fin janvier et qui émanait des Editions de l'Atelier :

    «Malgré l'intérêt de votre propos et la force de votre sujet, votre projet nous a semblé trop éloigné de notre ligne éditoriale pour que nous puissions envisager de le publier.»

Je croyais au contraire être en plein dedans, puisque les Editions de l'Atelier prétendent s'attacher «à mettre en valeur les expériences humaines afin d'analyser les grandes questions de société, décrypter le passé, inventer le présent. Les ouvrages visent à accroître la capacité de chacun à être acteur et à favoriser la transformation du monde vers plus de démocratie, de justice, de fraternité.»

J'ai dû mal interpréter leur ligne éditoriale, ou mal comprendre mon propre texte !!!;)

De fait et en dépit du grand soin que j'avais pris à sélectionner mes éditeurs, cette justification de la ligne éditoriale ou de la cohérence du catalogue est à plusieurs reprises revenue pour excuser les refus:

    «Nous vous remercions pour l'envoi de votre manuscrit. En dépit de certaines qualités, il ne peut cependant pas s’intégrer dans notre catalogue. Nous vous souhaitons bonne chance dans votre recherche d’éditeur.» (Service éditorial du Rouergue) 
              «Malheureusement, notre production étant très réduite, nos choix en sont d’autant plus restrictifs. Ainsi nous a-t-il semblé que votre livre ne correspondait pas à ce que nous recherchons pour nos collections.» (P.O.L Editeur)

   «Les thématiques abordées tout au long du manuscrit ne correspondent pas à la ligne éditoriale des éditions La DOXA.»

Autre argument de refus, souvent évoqué, la saturation des publications :

   « Les impératifs spécifiques de nos collections, d’une part, et un programme de publications trop chargé, d’autre part, nous obligent à des choix sévères, qui parfois nous laissent à nous même des regrets.» (Éditions Albin Michel)

   «Votre manuscrit n’a pas été retenu et nous en sommes désolés, sachant que cette décision vous décevra. Notre choix est d’autant plus subjectif que nous publions très peu de livres. Et le nombre croissant des manuscrits qui nous sont adressés nous contraint à ce courrier aussi bref qu’impersonnel, veuillez nous en excuser.» (Editions Zulma)

    «Nous ne publions que très peu de romans et malheureusement sommes très chargés en ce moment. De plus, nous avons récemment édité un témoignage illustrant la culture amérindienne dont un public suffisant a été difficile à trouver.» (Editions Favre)

«Nous publions peu de titres par an et nous n’avons pas retenu votre texte.» (Don Quichotte)

Bon, rassurez-vous, dans le lot, il y a quand même bien quelques éditeurs qui ont refusé mon manuscrit simplement parce que celui-ci ne leur avait pas plu. Si, si :

« Nos lecteurs ont pris connaissance de votre manuscrit. L’avis qu’ils ont rendu n’est malheureusement pas favorable et il ne nous sera pas possible de retenir cet ouvrage pour nos prochains programmes.» (Éditions Gallimard)

«Nous en avons pris connaissance avec une attention toute particulière. Malheureusement, il ne nous a pas pleinement convaincus.» (Editions Kero)

«Nous avons le regret de vous informer que votre manuscrit n’a pas été retenu par notre comité éditorial.» (Les Allusifs)

Sans oublier la réponse des Editions du Dilettante, qui m’a bien fait rire et mes lecteurs en jugeront par eux-mêmes :

«Si l’histoire est originale, on peine à partager l’expérience du narrateur, à cause d’une écriture qui manque de souffle et de caractère.»

D’autres, enfin, ont dû en débattre au sein de leur comité de lecture :

   «
Nous vous remercions d'avoir eu la gentillesse de nous envoyer votre manuscrit, et de la confiance que vous nous accordez. Malheureusement notre comité de lecture ne l'a pas retenu pour publication. En effet, vous le savez, un éditeur ne doit s'engager sur une publication que s'il est certain que toute l'équipe suivra, et mènera le texte aussi loin que possible ; ce qui n'a pas été le cas de tous les membres du comité, malgré les qualités de votre travail. Nous espérons que vous trouverez chez un confrère un accompagnement de valeur, et nous vous prions d'agréer, nos respectueuses salutations.
» (Allary Editions)
 
«A regret, notre comité éditorial a décidé de ne pas retenir votre manuscrit.» (Editions du Cygne)


Non pas UN, ni deux, ni trois, mais quatre éditeurs intéressés par ce roman !!!

Et puis courant mai, une première touche, émanant des éditions Yovana:

   «Après avoir effectué une première lecture, je vous avouerai que ma curiosité a été assez vite piquée. Votre narration est bien construite, votre sujet est prenant : vous proposez là un projet d'écriture d'envergure, qui ne laisse pas indifférent.[…] Lorsqu'une première lecture attire mon attention, je la soumets à un comité de lecture, avec lequel nous débattons ensuite d'une éventuelle publication. Mais peut-être êtes-vous déjà familière du monde de l'édition : je vous fais seulement part de ce processus pour vous préciser que ce courriel n'est pas encore celui d'un éditeur "en affaires", mais d'un lecteur enthousiaste.»

Certes cela ne vaut pas offre d’édition, mais c’est encourageant et cela redonne le sourire.

Cependant les semaines passent, et finalement l’offre espérée vient d’ailleurs, plus précisément des éditions La Völva, une jeune maison d’édition implantée à Besançon, la ville où j’ai fait mes études et à laquelle je suis encore très attachée :

   «Je me permets de vous écrire car nous aimerions convenir d'un entretien téléphonique avec vous pour discuter de votre soumission de manuscrit. Nous serions intéressés par une éventuelle publication mais nous souhaiterions voir certains points avec vous. Pourrions-nous convenir d'un entretien téléphonique prochainement ?»

Rendez-vous est pris. Et c’est un… essai transformé !, l’entretien téléphonique débouchant sur une offre concrète de publication. Cependant, en dépit d’un extrême état de jubilation que tout auteur en quête d’éditeur pourra comprendre, je reste prudente, souhaitant un délai de réflexion avant de confirmer mon engagement.

Bien m’en a pris, car le 17 juillet, Yovana se déclare :

«Je reviens vers vous pour vous faire part de notre décision autour de votre manuscrit. Tous les échos de mon comité de lecture ont été très positifs, et ont donc conforté mon souhait de démarrer cette aventure littéraire avec vous.»

Je suis ravie, bien sûr, mais l’idée de devoir choisir ou plus exactement l’idée de devoir écarter l’une de ces deux maisons d’édition prêtes à nous faire confiance, à mon roman et à moi-même, me désole.

Je me donne jusqu’à la mi-août pour étudier les propositions, consciente néanmoins que repousser l’échéance ne rendra pas pour autant les choses plus faciles.

En attendant j’adresse un mail aux éditeurs à qui j’ai déjà soumis mon manuscrit et qui ne m’ont pas encore répondu pour leur signaler ma nouvelle situation, afin qu’ils puissent retirer ce roman de leur circuit si le texte n'a pas encore été soumis à leur comité de lecture ou si ils ne sont pas intéressées pour le porter.

La réaction des Editions Mon Village est quasi immédiate :

   «J’ai lu votre manuscrit avec grand plaisir et serais intéressé par sa publication. Mais il circule encore auprès de notre comité de lecture et je ne pourrai vous donner de réponse avant mi-août. Je vous suis gré de patienter jusque-là, puis de faire votre choix, puisque vous avez le bonheur d’avoir le choix. »

Là, c’est carrément l’euphorie. Les éditions Mon Village, je les connais bien : elles ont porté André Besson dont les nombreux succès ont jalonné toute ma jeunesse et l’idée de voir mon nom associé à ce formidable auteur me porte littéralement aux nues.

La quatrième maison intéressée par mon manuscrit, les éditions du Menhir, n’a pas pu se positionner faute de temps pour examiner le manuscrit, mais c’est avec beaucoup de plaisir que je découvre leur réponse :

   «Je vous sais gré de nous avoir informé de cette situation. Tout en étant contrit de ne pas avoir pu disposer du temps utile pour examiner votre manuscrit, que nous avions classé dans la catégorie des "intéressants", je suis heureux pour vous que vous ayez reçu des offres de publication, et je vous souhaite tout le succès que vous méritez pour ce livre.»

J’ai également apprécié la réponse des Editions Lettres Vives:

«Je viens de regarder votre manuscrit et ne suis pas étonnée qu'il puisse retenir l'attention de deux éditeurs», précisant néanmoins que je frappais à la mauvaise porte «pour une question d'orientation et de choix éditoriaux».

Fière !

Au total Celui-qui-Doute a essuyé 15 refus formels (courrier postal ou électronique) avant de recevoir sa première offre de publication !

15 refus, c’est aussi bien que Le journal d’Anne Franck, et bien mieux qu’Autant en emporte le vent (38 refus, et pourtant Prix Pulitzer et record des ventes avec 33 millions d'exemplaires!), c’est également mieux que Dune (19 refus) ou Sa majesté des mouches (20 refus), mais – restons modeste – tout de même moins bien qu’Harry Potter (12 refus) ou que Twilight (14 refus)…

Et il n’en resta qu’un…

Avoir le choix, certes, c’est flatteur pour votre ego. Mais pour moi, ce fut un crève-cœur de devoir contacter l’un de mes prétendants pour lui dire : «Je vous remercie, mais finalement, c’est l’autre que j’ai choisi.» Parce que même si vous y mettez les formes et que vous emballez vos propos dans un joli paquet cadeau enrubanné, en définitive, c’est bien ce que votre interlocuteur retiendra.

Le choix a été difficile, pour ne pas dire douloureux, mais j’ai finalement fini par me décider pour les éditions Yovana, une toute jeune maison d’édition, certes, mais prometteuse. Et puis surtout j’avais dans ma besace d’autres projets que ce premier manuscrit et parfois il faut savoir regarder plus loin que la ligne de l’horizon, quitte à prendre des risques.
Car l’aventure ne fait que commencer ! »


2 commentaires:

  1. Bonne chance dans cette palpitante aventure !

    Jean Raymond

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  2. Bravo pour votre énergie et félicitations pour la publication de votre livre

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