mardi 20 décembre 2016

PRESENTATION

Bonjour,

Aujourd’hui, je souhaite vous faire partager ce roman : Celui-qui-doute.


Cet ouvrage, très actuel par bien des aspects, nous parle avec beaucoup d’humanité des déchirures d’un peuple trop longtemps opprimé, de problèmes identitaires, de foi et d’espoir… et nous propose en prime une nouvelle théorie de l’évolution humaine !
Mais n’anticipons pas ! Commençons par vous présenter ce livre…

La trame se déroule quelque part dans les Grandes Plaines de l’ouest américain.
Le héros est un jeune natif américain élevé dans un premier temps dans une réserve par son grand-père, puis plus tard, retrouvant ses parents, dans le monde «civilisé» de la grande ville. En grandissant, cette dualité est devenue de plus en plus difficile à assumer : tiraillé entre ces deux éducations diamétralement opposées, dans lesquelles il n’a jamais manqué d’amour mais qui l’ont privé de véritables repères, notre héros ne sait tout simplement pas qui il est.
Pour reprendre le contrôle de son existence, c’est vers ses racines lakotas qu’il se tourne, choisissant de s’isoler dans une grotte afin d’y effectuer une haŋbléčheya, ce rituel initiatique que les Blancs connaissent mieux sous le nom de « quête des visions ».
Haŋbléčheya est une pratique ancestrale qui consiste à se retirer du monde pendant quatre jours, dans un lieu sacré, sans manger ni même se désaltérer, dans un isolement total, propice à une distanciation de la réalité quotidienne. Cette période de jeûne et de privations sensorielles est mise à profit pour implorer Wakȟáŋ Tȟáŋka, le Grand Esprit, et invoquer les forces spirituelles qui dorment au plus profond de soi jusqu’à ce que, à bout de forces et à la limite de l’inconscience, survienne enfin une vision qui deviendra votre totem et  vous accompagnera tout au long de la vie.
Grâce à cette expérience extrême, le héros espère être honoré de la présence de Wakȟáŋ Tȟáŋka, pour ainsi renouveler sa foi et retrouver les croyances de son peuple.
Mais comment avoir la certitude que cette vision qu’il attend est bien la personnification d’une instance supérieure, et non simplement l’expression de son propre inconscient ?
Rien de plus simple : il suffit de lui proposer de résoudre une énigme dont personne ne connait la solution et à laquelle, de ce fait, seul un être omniscient pourrait répondre…
Alors survient la rencontre avec son (très surprenant !) totem, venu lui parler au nom du Grand Esprit.
Et brusquement, le roman s’ouvre sur un autre chemin, plus hasardeux et plein de surprises inattendues : la résolution de l’énigme. – Car Wakȟáŋ Tȟáŋka, ou plutôt son incarnation dans la vision de notre héros, propose un nouveau deal à celui qui est venu le tester : « Je te donne les pièces du puzzle, mais c’est à toi qu’il reviendra de les assembler ! »
L’énigme ? En fait, il s’agit tout simplement d’expliquer ce qui a conduit notre espèce vers la voie de l’humanité.
Et nous voici partis sur les pas de nos ancêtres, afin de comprendre ce qui a poussé un jour un primate arboricole à adopter la bipédie…

« Celui qui doute » est avant tout un roman sur les natifs américains.
Il nous fait partager les valeurs fondamentales des lakotas, décrit leurs rituels cérémoniels, évoque les génocides perpétrés à leur encontre par les premiers colons ou encore la crise identitaire rencontrée de nos jours par les descendants des survivants. Dans cette fresque qui nous dévoile l’anomie d’un peuple traumatisé et qui souligne l’acculturation du héros, tout se met progressivement en place pour expliquer l’état d’esprit de celui-ci, son besoin de se retrouver et son désir de changer les choses…
« Celui qui doute » touche le lecteur par l’humanité de ce jeune amérindien et par les espoirs presque désespérés qu’il met dans sa quête, à la fois pour se construire lui-même et pour reconstruire l’âme de son peuple.
Au cours de cette aventure et au fil des pages, tandis que la faim et la soif acheminent peu à peu le héros vers sa rencontre avec Wakȟáŋ Tȟáŋka, l’auteure embrasse, en de belles envolées lyriques, la complexité des sentiments du jeune homme, sans cesse partagé entre l’euphorie de sa quête, ses doutes et la peur d’échouer ; elle égrène des anecdotes pleines de sensibilité sur son enfance, exalte les péripéties de son cheminement, ou bien encore nous fait découvrir l’histoire et les croyances de son peuple.
Elle nous bluffe par l’élégance de son style, souvent poétique, pour ne pas dire harmonieux, tandis que la subtilité du portait psychologique et affectif de son héros et l’utilisation dans le récit de la première personne du singulier contribue à l’empathie.

Mais « Celui-qui-doute » est également un roman sur l’hominisation, un prétexte de la part de l’auteure pour nous proposer une nouvelle théorie de l’évolution humaine.
De fait, Emmanuelle Bessot aborde tout d’abord et avec beaucoup de pédagogie différentes théories de l’évolution… qu’elle lapide sans concession pour pouvoir laisser le champ libre à son propre crédo !
Elle nous embarque alors dans les délires du héros pour disposer ici et là les pièces disparates du fameux puzzle, titillant sans cesse la curiosité du lecteur et lui apportant, sans en avoir l’air, tout un tas de connaissances nouvelles.
Nous découvrons ainsi un récit d’une très grande richesse, résolument moderne, pour ne pas dire innovant, à la fois ludique et instructif.
Quant à sa théorie – en attendant de pouvoir être validée par la communauté scientifique ( ?) – elle a en tout cas le mérite d’être crédible et tout à fait pertinente...





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